Au SITL 2019 à Paris, une conférence – animée par Mobilettre – révèle à nouveau l’envie généralisée de mettre davantage de camions sur les trains. Et cette fois-ci, tout le monde semble tirer dans le même sens.
S‘il fallait une énième confirmation de l’évidence, la conférence d’ouverture de la Journée européenne du fret ferroviaire, jeudi 28 mars au SITL 2019 (Salon international du transport et de la logistique) l’a apportée de façon éclatante: près de 200 personnes assises et une cinquantaine debout pour écouter les participants répondre à la question: «Et si vous passiez au transport combiné?»
Cela fait un bout de temps que le président du GNTC (groupement national du transport combiné) Dominique Denormandie explique que les planètes sont alignées: pénurie de conducteurs routiers, prise en compte de l’équation environnementale par les chargeurs, et changement de pied des pouvoirs publics et du gestionnaire d’infrastructures SNCF Réseau (dont le PDG Patrick Jeantet vient justement d’annoncer une aide à la rénovation des voies de service et des gares de triage à hauteur de 100 millions sur cinq ans). Peu de chiffres sont disponibles pour illustrer la bonne tendance actuelle (c’est un problème au moment de plaider pour des aides et des investissements accrus). Faut-il alors des preuves concrètes? «Nous sommes d’ores et déjà confrontés à des problèmes de riches, provoque Dominique Denormandie: nous manquons de certaines compétences opérationnelles au moment de lancer de nouveaux services».
Jean-Claude Brunier, l’expérimenté PDG de TAB/T3M, s’il ne dissimule pas les problèmes persistants liés à l’infrastructure, constate qu’«après douze ans de libéralisation le secteur s’est consolidé et a appris à vivre en dehors de la seule expertise de la SNCF. On innove, on compare, on s’améliore», s’est-il exclamé.
Dominique Denormandie: «C’est d’ores et déjà un investissement stratégique pour les années à venir que de découvrir le ferroviaire»
Côté chargeurs, l’envie est grande de mettre davantage de camions sur les trains. Avec près de 3000 caisses équivalents camions à l’année, Eric Le Provost, responsable transport de Coca-Cola voudrait faire davantage. «Mais à un prix égal à celui de la route», précise-t-il. Cette question du prix fut le seule divergence au cours des échanges, Dominique Denormandie assurant que certains clients sont prêts à payer un peu plus en contrepartie de l’amélioration de leur bilan carbone. «Pour certains nouveaux clients, c’est d’ores et déjà un investissement stratégique pour les années à venir que de découvrir le ferroviaire», explique-t-il. Une tendance que relève également le baromètre annuel Eurogroup Consulting, présenté par Anne-Laure Noat et réalisé essentiellement auprès des chargeurs, qui commencent à appréhender de façon plus pragmatique la complexité du système ferroviaire.
Thomas Pellegrin, directeur général de la SMTRT, Eric Champeyrol, directeur général de Naviland Cargo et Thibaut Fruitier, directeur général de Novatrans, ont chacun apporté de l’eau au moulin du nouveau pragmatisme: à eux d’améliorer leurs services pour niveler les aspérités du mode ferroviaire, rassurer les chargeurs, en un mot leur simplifier la pratique du transport combiné.
Et c’est promis, l’année prochaine si tout va bien, il y aura des chiffres consolidés pour marquer la progression d’un transport combiné qui fait l’unanimité jusque dans les foyers français: mettre des camions sur les trains, c’est toujours ça de moins sur les routes du quotidien ou des vacances… Un message qu’il serait bon d’intégrer plus fortement à la LOM: les marchandises ont aussi un impact sur les transports du quotidien.
1 avril 2019 Catégorie : Actualités